vendredi 25 avril 2008

Les caractères chinois

Les caractères chinois

La langue chinoise écrite est un système d'écriture apparu il y a environ 3 500 ans. A la différence des mots français écrits, qui sont composés de lettres, les mots chinois écrits sont composés de caractères chinois ou sinogrammes. Contrairement à une idée généralement répandue, les caractères chinois ne représentent pas des mots ; ils représentent en fait des morphèmes , et une majorité de mots sont composés de deux caractères, alors que d'autres sont composés d'un seul, de trois ou plus rarement de quatre. Ceci n'est pas spécifique au chinois. Cela signifie aussi que tout mot composé contient sa propre étymologie, issue des caractères porteurs de signification qui le composent, ce contrairement par exemple aux mots des langues européennes, dont la graphie rend compte d'une prononciation qui finit souvent par oublier le sens premier (ex : Lorient venant de L'Orient, Lille de L'île, Le Havre venant du mot français havre, qui signifie port, et venant de Haven, mot germanique de même sens, donc par exemple Copenhague, le port des marchands). Pékin, en mandarin 北京, prononcé de nos jours Běijīng, contient les caractères 北 Běi (nord) et 京jīng (capitale) et signifie donc littéralement "Capitale du nord". Nankin (Nán jīng 南京) quant à elle est la "capitale du sud". La plupart des symboles chinois sont construits avec une certaine logique utilisant différentes clés, assemblées comme des legos. On finit rapidement par repérer des constances au fil de l'apprentissage. Souvent, un nouveau caractère paraissant compliqué au premier abord est, en fait, composé de 3 petits caractères déjà connus.


Shuō wén jiě zì 说文解字(une analyse et une explication des caractères) par xǔ shèn 许慎
Sous la Dynastie Han 汉朝(206 av. J.- C. à 220 ap. J.- C.) vers l'an 100 ap. J.- C. apparaît un volume intitulé 说文解字(une analyse et une explication des caractères) décrivant les origines des caractères chinois. C'est le premier dictionnaire du chinois. Son auteur Xu Shen 许慎y regroupait 9353 caractères en six principes de base.
1. les 象形(xiàngxíng) : pictographes ou pictogrammes. Ces caractères peuvent tout d'abord représenter l'objet qu'ils évoquent. Un exemple de 象形 est 手 (shǒu)"main", qui représentait originalement une main et ses 5 doigts
2. les 指事 (zhǐshì) : idéogrammes indicatifs. Ces caractères peuvent représenter un concept abstrait figuré. Des exemples de 指事 sont 上 (shàng) "haut" et 下 (xià) "bas".
3. les 会意 (huìyì) : littéralement "association de significations". Il s’agit d’idéogrammes composés, formés de deux ou plusieurs racines, qui contribuent à définir le sens du nouveau caractère. Les mots composés en français utilisent souvent ce procédé (ex : chien-loup). Un exemple chinois est
(hǎo - "bien ; bon"), qui combine les racines "femme" et "enfant".
4. les 形声 (xíngshēng) : caractères pictophonétiques, encore appelés phonogrammes, formes-sons ou caractères sémantiques phonétique. Comme leur nom l’indique, ils combinent éléments graphiques et éléments phonétiques. Ces caractères sont généralement composés de deux parties : l'une est le radical donnant une indication quant à la catégorie sémantique ; l'autre est une composante phonétique (qui est à souvent à elle seule un caractère signifiant), donnant une indication sur la prononciation du caractère. Ce principe de formation de caractère, appelé en chinois 形声 (xíngshēng), littéralement "son de la forme", fut extrêmement productive : selon certains observateurs, environ 90 % des caractères chinois ont été formés ainsi. Un exemple est 清 (qīng) "clair", qui est composé d'une racine signifiant "eau" et d’une racine (un autre caractère, 青) également prononcé qīng.
5. les 转注 (zhuǎnzhù), littéralement "transfert vers", qui sont des caractères dont le sens original a été étendu, généralement de façon métaphorique, vers une signification nouvelle et souvent plus générale.
6. les 假借 (jiǎjiè), littéralement "emprunt " : en ce cas, un caractère avec un sens fermement établi est "emprunté" pour assumer une autre signification sans rapport pour laquelle il n’existait pas de caractère.

Le Kāngxī zìdiǎn 康熙字典 et les 214 radicaux
Le
Kāngxī (康熙), publié en 1716, se veut un classique des dictionnaireschinois. Le Dictionnaire des caractères Kangxi ou Kāngxī zìdiǎn 康熙字典 contient près de 50,000 caractères compilés en 42 fascicules. Il a été publié sous la Dynastie Qing (1662-1723). Ces caractères sont regroupés sous 214 radicaux.(部bù 首shǒu), qu’utilisent toujours plusieurs dictionnaires pour classer les caractères selon leur forme traditionnelle. Le radical est un élément essentiel dans le dictionnaire chinois. La liste des radicaux chinois est à peu près l'équivalent de l'alphabet (latin par exemple) pour le chinois. Chaque caractère chinois est classé dans l'un de ces 214 radicaux (clés) qui sont triés par le nombre de traits utilisés pour les écrires. Le nombre de traits d’un caractère peut varier de 1 à 17.

Seuil Minimum Indispensable de Caractères (SMIC) : les quatre cents caractères
Ce seuil de caractères fut mis au point en 1985 à l’Institut National de la Recherche Pédagogique par Joël Bellassen et Françoise Audry-Iljic, en tant que niveau attendu en fin de lycée pour les élèves de LV2 et LV3. L'apprentissage des quatre cents caractères les plus utilisés (SMIC) permet de déchiffrer 66,27 % de l'ensemble des textes courants. Ces caractères sont ceux qui figurent dans le tableau ci-dessous.
便 饿 广 西

Les caractères simplifiés et traditionnels
La liste des caractères simplifiés est apparue en 1956. Elle dénombre environ 6500 caractères simplifiés. Actuellement les caractères simplifiés sont utiliséés en Chine et à Singapour. Alors que Taiwan, Hong-Kong, Macau et la plupart des communautés chinoises d’outre-mer continuent à utiliser les caractères traditionnels. Bien que la République Populaire de Chine utilise depuis un demi siècle les caractères simplifiés, les caractères traditionnels n’ont pas disparu pour autant. On les retrouve évidemment dans tout ce qui s’est écrit avant 1949, mais aussi en calligraphie, dans beaucoup d’inscriptions à caractère historique et dans les textes de nature poétique. La plupart des Chinois cultivés lisent les caractères traditionnels et simplifiés.